Risques liés aux champignons résistants : l’impact des bulbes traités et des mycoses opportunistes

Les défis posés par les champignons résistants dans l’agriculture et la santé publique

La propagation de champignons résistants, notamment ceux qui infectent les plantes et peuvent représenter un danger pour la santé humaine, complique la gestion agricole et soulève des préoccupations en matière de sécurité sanitaire. Les infections fongiques invasives demeurent particulièrement préoccupantes, surtout pour les personnes immunodéprimées, avec un taux de mortalité pouvant dépasser 50 % dans certains cas. La problématique des champignons multirésistants concerne aussi bien la protection des cultures que la santé des populations vulnérables.

La protection des bulbes de fleurs par des antifongiques : une pratique courante

Pour prévenir les attaques de certains champignons, notamment dans la cultivation de bulbes de fleurs, ces derniers sont parfois traités avec des antifongiques. Selon Pierre-Henri Dubuis, chercheur à l’Agroscope Changins, cette pratique vise à protéger les plantes jusqu’au printemps, en permettant aux bulbes plantés à l’automne de passer l’hiver sans infection. Ces traitements, toutefois, soulèvent des questions quant à leur impact sur les champignons présents dans la nature.

L’utilisation massive d’antifongiques influence la résistance des champignons

Les antifongiques employés dans l’agriculture, souvent en grande quantité, ont favorisé l’émergence de champignons multirésistants. Contrairement à l’usage limité en médecine humaine, ces substances peuvent entraîner une sélection de champignons résistants dans l’environnement. Pierre-Henri Dubuis explique que ces organismes, exposés régulièrement à ces agents, peuvent développer une résistance qui les rend également moins sensibles aux médicaments antifongiques utilisés en médecine. Cette évolution pourrait compliquer le traitement des mycoses chez l’humain à l’avenir.

Champignons opportunistes et population à risque

Heureusement, pour la majorité des individus en bonne santé, la présence de ces champignons résistants ne pose pas de danger. Toutefois, les personnes dont le système immunitaire est affaibli, notamment celles recevant un traitement contre le cancer ou ayant subi une greffe, sont plus vulnérables. Pour ces populations, ces champignons opportunistes, qui ne sont pas habituellement pathogènes pour l’humain, peuvent devenir problématiques lorsqu’ils exploitent un terrain immunodéprimé.

Le rôle du champignon Aspergillus fumigatus dans la contamination environnementale

Un autre champignon de grande importance est Aspergillus fumigatus, souvent présent dans les composts et les terreaux. Des études menées en 2019 et 2020 ont révélé sa présence dans environ un tiers des 300 sites agricoles et non agricoles étudiés, avec 20 % d’isolation résistante. La résistance à ces champignons, pouvant constituer un risque pour la santé, pourrait se propager partout où ce champignon est présent dans la nature.

Les risques liés à l’achat de bulbes biologiques

Pour celles et ceux qui se demandent si opter pour des bulbes issus de l’agriculture biologique pourrait réduire ces risques, la réponse est mitigée. Bien que les bulbes bio ne soient pas traités avec des antifongiques, Aspergillus fumigatus est ubiquitous, c’est-à-dire qu’il se trouve dans l’environnement naturel indépendamment des pratiques agricoles. Ainsi, même dans un contexte bio, il est possible de rencontrer des souches résistantes, même si la probabilité peut être un peu plus faible, selon les experts.

Une problématique majeure à surveiller

La vigilance reste de mise face à l’émergence de champignons résistants, qu’ils soient présents dans le sol, dans les cultures ou dans l’organisme humain. La compréhension des mécanismes de résistance et la limitation de l’usage excessif d’antifongiques, tant en agriculture qu’en médecine, sont essentielles pour préserver l’efficacité des traitements et la santé publique.

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