Fantômes et illusions d’optique au Kunstmuseum de Bâle : plongée dans le surnaturel

Contexte et enjeux historiques

« Moi, je crois aux gens qui croient aux fantômes. » Cette phrase, prononcée par Eva Reifert, conservatrice et curatrice de l’exposition, illustre l’esprit du parcours Fantômes. Sur les traces du surnaturel, présenté au Kunstmuseum de Bâle, il explore la manière dont les spectres ont été représentés du XVIIIe siècle à nos jours.

Quand science, spiritisme et médias s’entrelacent

Selon la commissaire, l’image populaire du fantôme revêtue d’un drap blanc date du XIXe siècle et de l’art moderne. Cette iconographie s’est cristallisée à une époque de profonds bouleversements, lorsque la religion se retire et que les gens recherchent un sens. La rencontre entre science, croyances occultes et médias populaires — comme la télégraphie ou les premiers enregistrements sonores — a nourri l’imaginaire collectif et inspiré durablement les artistes. Le commissariat souligne que ce phénomène résonne aussi avec notre époque où la technologie fascine autant qu’elle peut déstabiliser.

Des spectres littéraires et mythologiques

Le parcours met en perspective des figures du récit et de la mythologie liées au surnaturel. Il évoque notamment le fantôme du prophète Samuel, apparu pour annoncer la défaite de Saül face aux Philistins, ainsi que le spectre du père d’Hamlet, qui révèle les circonstances de son assassinat.

Expériences visuelles et immersion

Le musée propose une expérience immersive renforcée par une illusion d’optique bien connue: le Pepper’s Ghost, qui utilise un miroir semi-réfléchissant et une mise en lumière spécifique pour faire apparaître puis disparaître un « fantôme ». On observe par ailleurs de nombreuses photographies où des personnes posent avec leur « fantôme », y compris l’image saisissante de la veuve de Lincoln aux côtés du spectre de son mari. L’exposition aborde aussi la représentation de la texture ectoplasmique en photographie, avec des éléments blancs émergeant du corps ou de la bouche des sujets.

La technique Pepper’s Ghost

Cette méthode scénique, présentée comme une illusion, contribue à l’immersion et illustre comment l’optique et l’éclairage peuvent produire des figures spectrales dans l’espace muséal.

Conclusion et invitation à la réflexion

L’exposition se conclut par une salle vide traversée par un courant d’air, invitant les visiteurs à tirer leurs propres conclusions sur l’expérience du surnaturel et de l’absence.

Propos recueillis par Florence Grivel. Adaptation web : Sébastien Foggiato. Fantômes. Sur les traces du surnaturel, Kunstmuseum de Bâle, jusqu’au 8 mars 2026.