Soudan : El-Facher, siège prolongé et appel à une paix civile — témoignage d’une journaliste soudanaise en exil

Évolution à El-Facher et inquiétudes pour les civils

De nouvelles images satellites suggèrent que des massacres pourraient se poursuivre dans la ville d’El-Facher et ses environs, près d’une semaine après sa chute aux mains des Forces de soutien rapide (FSR). Après 18 mois de siège, les FSR avaient repris la dernière grande ville du Darfour encore échappant à leur contrôle, à l’ouest du Soudan.

Mawahib Abdallatif, journaliste soudanaise, a fui son pays et a expliqué à la publication 20 Minutes la situation des habitants, les causes profondes du conflit et l’attitude de la communauté internationale.

Témoignage d’une journaliste réfugiée

En exil, elle décrit les conditions vécues pendant le conflit. « Même maintenant, loin des violences, la guerre continue de vivre en nous – dans nos souvenirs, dans nos pertes et dans les visages de ceux restés au pays que nous ne pouvons toujours pas joindre », confie-t-elle.

Elle raconte que les mois qui ont précédé son départ ont été une période de vraie torture, marquée par la destruction de sa vie personnelle et la séparation de sa famille. Finalement réunie en Égypte avec son mari et sa fille, elle précise n’avoir jamais imaginé devenir réfugiée à cause d’un conflit dans son propre pays.

Ce que vivent les civils restés sur place

Les civils restants paraissent épuisés et pleins de deuil, espérant surtout la fin des combats et une sécurité digne de ce nom. Ils appellent à un arrêt immédiat de la guerre et à l’ouverture d’un processus politique conduisant à un gouvernement civil.

Selon l’auteure de l’interview, il a été difficile de joindre des amis, des collègues ou des journalistes à El-Facher; certains seraient détenus par les FSR, d’autres ont disparu et l’on ignore s’ils sont vivants. Ceux qui ont réussi à fuir racontent des témoignages profondément marqués par la peur et la douleur.

Causes et dynamique du conflit

Selon elle, le conflit est enraciné dans l’histoire du Soudan et oppose surtout des enjeux de pouvoir, de ressources et d’orientation du pays. Si certains perçoivent le conflit comme une lutte de pouvoir entre deux généraux, la journaliste pointe aussi la corruption comme une des causes majeures.

Elle évoque également des tensions ethniques et rappelle que le mouvement islamiste du National Congress Party, qui a dirigé le pays pendant plus de trois décennies, s’est aligné sur l’armée et mobilise des unités armées qui soutiennent les forces en place. Le parti paraît estimer que sa présence au pouvoir nécessite la poursuite du conflit.

Rôle et perception de la communauté internationale

Le récit souligne un rôle international ambivalent: l’aide humanitaire est indispensable, mais les initiatives politiques globales n’ont pas suffi à mettre fin aux combats. Des appels sont lancés pour passer des déclarations à des mesures concrètes, telles que l’arrêt des livraisons d’armes, la protection des civils et le soutien à un processus de paix dirigé par des civils.

Réactions et sentiment des Soudanais

Nombreux sont ceux qui se sentent oubliés, déplorant une couverture médiatique insuffisante et une urgence politique jugée insuffisante face à d’autres crises. Beaucoup estiment que leur souffrance est écartée ou réduite à un conflit lointain, alors que des millions restent déplacés et confrontés à la faim.

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