Migros : de ses débuts itinérants à son centenaire, retour sur 100 ans d’histoire du géant orange
Fondée en 1925 par Gottlieb Duttweiler à Zurich, Migros fête un siècle d’existence en 2025. À l’origine simple initiative commerciale visant à proposer des produits alimentaires à prix abordables grâce à des camions-magasins, l’entreprise est aujourd’hui devenue l’un des plus grands distributeurs de Suisse, surnommé le « géant orange ».
Les débuts en 1925 : une stratégie mobile et des prix compétitifs
Le 10 août 1925, Gottlieb Duttweiler dépose une demande auprès de la préfecture de police de Zurich pour obtenir l’autorisation de vendre des denrées alimentaires sur l’espace public. Son objectif est clair : offrir des produits à bas prix en réduisant les étapes intermédiaires. Le même jour, il crée la société Migros SA, dotée d’un capital de 100 000 francs, de cinq camions-magasins, d’un bureau et de deux entrepôts.
À ses débuts, l’assortiment ne comprend que six articles : café, savon, riz, graisse de coco, sucre et pâtes. Les quantités proposées sont plus importantes que celles des concurrents, avec des prix inférieurs de 10 à 30 %.
Ouverture du premier magasin fixe
Moins d’un an après le lancement des camions-magasins, Migros inaugure son premier point de vente stationnaire dans le quartier industriel de Zurich. Le bâtiment, qui devient alors le siège de l’entreprise, regroupe un magasin, un bureau administratif, un garage pour les camions, un entrepôt ainsi qu’un centre d’emballage en sous-sol. Lors de l’inauguration, 48 produits — dont des pommes de terre et des fruits frais — sont proposés aux clients, élargissant ainsi significativement l’offre initiale.
1932 : implantation en Suisse romande
Sept ans après sa création, Migros s’installe en Suisse romande. Le premier magasin y ouvre en 1932 à Neuchâtel, sous la responsabilité de Migros Berne, qui en assure l’approvisionnement jusqu’en 1949. En parallèle, une société coopérative Migros est fondée en 1941 à Neuchâtel, couvrant également le canton de Fribourg.
Peu de temps après, des points de vente sont ouverts à Sugiez (FR) par Migros Berne et à Bulle (FR) par Migros Vaud. Cette situation soulève des tensions autour de la répartition des zones de distribution. Une médiation est alors menée par la Fédération des coopératives Migros, sans que le résultat exact n’ait été formellement consigné. Aujourd’hui, Bulle appartient à la coopérative Neuchâtel-Fribourg, tandis que le magasin de Sugiez n’existe plus.
Développement industriel et diversification
Des conserveries stratégiques
En 1945, Migros acquiert une conserverie à Bischofszell, dans le canton de Thurgovie. Après modernisation, la production progresse rapidement. Face à une demande croissante, un second site est ouvert en 1956 en Suisse romande : Conserves Estavayer SA, dans le canton de Fribourg. Cette capacité industrielle permet à Migros de répondre à l’augmentation continue de la consommation de conserves durant l’après-guerre.
Lancement de la gamme M-Budget
En 1996, près de dix ans avant l’arrivée des enseignes Aldi et Lidl en Suisse, Migros introduit sa ligne M-Budget. Six produits du quotidien sont alors lancés pour répondre aux besoins des familles et des consommateurs attentifs à leur budget. Cette gamme est aujourd’hui une référence classique pour les achats à bas prix.
Une consultation historique sur la vente d’alcool
En 2022, Migros propose à ses coopérateurs de se prononcer sur la possibilité de supprimer l’interdiction de vente d’alcool dans ses supermarchés, une règle instaurée dès l’origine par Duttweiler. La consultation débouche sur un rejet massif : plus de 70 % des votants dans la plupart des coopératives régionales préfèrent maintenir cette interdiction. Néanmoins, Migros continue de proposer boissons alcoolisées via sa filiale à bas prix Denner ainsi que sur sa plateforme en ligne.
Bilan après un siècle
De ses modestes débuts en 1925 avec quelques camions-magasins aux réseaux de supermarchés et d’entreprises industrielles actuels, Migros illustre un siècle d’évolution dans la distribution suisse. Son histoire reflète à la fois des choix novateurs, des débats internes et une capacité d’adaptation constante aux transformations des modes de consommation.