Accusations et contexte après la prise d’el-Facher par les FSR au Darfour
Contexte et prise d’el-Facher
El-Facher, dernier bastion de l’armée au Darfour, a été pris dimanche par les Forces de soutien rapide (FSR), après plus de 18 mois de siège, leur ouvrant le contrôle d’une vaste zone couvrant près d’un tiers du territoire soudanais.
Des civils qui ont réussi à fuir décrivent des scènes de génocide, selon un correspondant de l’AFP basé à Tawila, ville refuge située à environ 70 kilomètres d’el-Facher.
Accusations et éléments de preuve
Les Forces conjointes, alliées de l’armée, ont accusé mardi les Forces de soutien rapide d’avoir exécuté plus de 2000 civils désarmés les 26 et 27 octobre, pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Une vidéo authentifiée par l’AFP montre un combattant connu pour exécuter des civils en train d’abattre un groupe de civils désarmés sur le sol. Le Humanitarian Research Lab (HRL) de l’Université Yale évoque un processus systématique et intentionnel de nettoyage ethnique des communautés Fur, Zaghawa et Bartis, avec déplacements forcés et exécutions massives. Des observations satellites décrivent des talus jonchés de corps en périphérie et corroborent les vidéos d’exécutions sommaires de civils tentant de fuir.
Réactions et analyses
Patrick Youssef, chef des opérations du CICR pour l’Afrique, a déclaré dans l’émission 19h30 mardi ne pas être surpris par la gravité de la situation, mais par son ampleur, estimant qu’un palier a été franchi et que cela marque un tournant. Il appelle à une dynamique politique plus rapide pour sortir de la guerre et a salué les efforts de certains pays et de l’Union africaine pour trouver une sortie.
Cadre politique et perspectives d’après-conflit
La perte d’el-Facher est présentée comme un tournant pour l’armée et souligne l’importance d’un processus politique: la mise en place d’un gouvernement civil de transition est au cœur du plan évoqué par le groupe dit du Quad, réunissant les États-Unis, l’Arabie Saoudite, l’Égypte et les Émirats.
Ce plan vise à exclure le gouvernement pro-armée et les FSR de la transition post-conflit, une option que le pouvoir en place refuse. Le conseiller présidentiel émirati Anwar Gargash a qualifié ce tournant et appelé à ratifier le plan du Quad, qui propose une voie de sortie négociée de crise.
La crise et le conflit au Soudan ont provoqué des pertes humaines massives et des déplacements de populations, avec l’ONU évoquant la pire crise humanitaire au monde.
afp/juma
