Inauguration de la nouvelle traversée lacustre La Voie Bleue à Genève : un projet contesté et en débat juridique
Une nouvelle traversée du lac Léman à Genève inaugurée avec enthousiasme
À l’occasion de la mise en service officielle de la Voie Bleue, le conseiller d’État Pierre Maudet, responsable du Département des mobilités et de la santé, a souligné l’importance de ce projet pour la ville de Genève. Lors de la coupure du ruban au port de Bellevue, il a évoqué la perspective d’un changement dans la conception des transports, mettant en avant l’utilisation du lac comme un élément central du maillage urbain. Selon lui, cette initiative pourrait transformer la perception du lac, en le considérant comme une liaison plutôt qu’une barrière naturelle entre les rives.
Une traversée lacustre expérimentale à destination des usagers quotidiens et de loisirs
Le navire “Valais” de la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN) assurera régulièrement cette ligne à l’essai, valable pour une période de trois ans. Lors de l’inauguration, plusieurs acteurs locaux, dont des élus et des premiers usagers, ont pris place à bord, parmi eux une dizaine de vélos, témoignant d’une volonté de promouvoir une mobilité multimodale. La ligne propose dix départs quotidiens, principalement destinés aux pendulaires, entre 5h55 et 8h50 le matin, puis entre 17h15 et 20h10 en soirée, reliant Corsier à Bellevue. La traversée dure environ quinze minutes.
Une contestation juridique entourant ce projet lacustre
Malgré l’enthousiasme autour de cette nouvelle liaison, celle-ci rencontre une contestation judiciaire. Deux opposants, dont le maire de Corsier, ont exprimé leur désaccord en rejoignant le navire lors de l’inauguration, estimant que cette traversée pourrait compromettre certains sites patrimoniaux, notamment le site palafittique de la baie de Corsier, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ils craignent aussi que cette ligne n’aggrave le trafic et profite uniquement à certains acteurs et entreprises locales, notamment Lombard-Odier, dont un bâtiment a récemment été inauguré à Bellevue.
Procédures juridiques et impact sur le patrimoine
Les recours déposés début septembre par la Mairie de Corsier et des riverains ont été rejetés en partie par le Tribunal administratif fédéral (TAF), qui a refusé d’accorder des mesures conservatoires. Une autre procédure est toujours en cours, sans décision définitive à ce stade. La justice se penchera également sur le fond des recours dans les prochaines semaines.
Une position officielle favorable à ce projet, malgré la contestation
Le conseiller d’État Pierre Maudet a défendu la valeur publique de la Voie Bleue, soulignant qu’il s’agit d’un projet pilote dans une logique de mobilité durable. Selon lui, cette initiative répond à une demande croissante pour des modes de transport pendulaires et de loisirs, tout en contribuant à désengorger les axes routiers traditionnels. Il a rappelé que si cette traversée lacustre ne constitue pas une solution unique aux enjeux de mobilité, elle participe néanmoins à leur résolution en réduisant la circulation sur le pont du Mont-Blanc.
De son côté, Benoît Gaillard, président de la CGN, a insisté sur l’ouverture au dialogue, affirmant que le but est de minimiser les nuisances et de démontrer la viabilité de ce mode de déplacement durable. Des mesures, comme la pose de bouées autour du site palafittique, ont été prises pour garantir la protection du patrimoine lors des opérations.
Cérémonie d’inauguration et perspectives
La cérémonie de lancement a réuni plusieurs personnalités, dont la maire de Collonge-Bellerive Carole Lapaire, la maire de Bellevue Mylène Schopfer Sandoz, ainsi que des représentants des autorités cantonales et de la CGN. La Voie Bleue pourrait faire figure d’expérimentation majeure pour la mobilité de demain à Genève, entre enjeux patrimoniaux, enjeux environnementaux et développement des transports publics.