Pic inédit de pollution à l’ozone à Genève : conditions météo et absence de vent en cause

Un seuil d’alerte jamais atteint depuis 2020

Pour la première fois depuis la mise en place du dispositif anti-smog en 2020, Genève a activé ce mardi le niveau d’alerte 2 pour la pollution à l’ozone. Cette décision a entraîné, dès mercredi, la mise en œuvre d’une circulation différenciée renforcée entre 6h et 22h dans le centre-ville. Seuls les véhicules munis des macarons Stick’AIR 0, 1, 2 ou 3 – ou de leurs équivalents Crit’Air français – pouvaient circuler. Les catégories 4 et 5 ainsi que les véhicules sans macaron étaient interdits. Par ailleurs, la vitesse sur l’autoroute de contournement a été limitée à 80 km/h et les transports publics en zone 10 ont été rendus gratuits.

Une pollution liée à un enchaînement défavorable de facteurs

Cette hausse inhabituelle de concentration d’ozone a été mesurée par la station de surveillance de Meyrin, l’une des quatre du canton. Selon le service cantonal de l’air, trois conditions sont nécessaires à la formation d’ozone : la présence de précurseurs (oxydes d’azote et composés organiques volatils), un ensoleillement marqué et une température élevée. Les oxydes d’azote proviennent notamment des gaz d’échappement, tandis que les composés organiques volatils peuvent résulter d’activités industrielles. Ce mardi, ces trois facteurs étaient réunis, mais un élément aurait amplifié la situation : l’absence totale de vent, empêchant la dispersion des polluants.

Pourquoi Genève a été plus touchée que le reste du pays

Si d’autres régions de Suisse ont connu des conditions similaires, Genève a été la seule à dépasser le seuil d’alerte. D’après la direction du service de l’air, cela s’expliquerait par une météo « extrêmement défavorable » caractérisée par un vent nul. Habituellement, même une légère brise suffit à limiter l’accumulation d’ozone.

Les mesures de réduction mises en œuvre

Face à ce type d’événement, les autorités disposent principalement d’un levier immédiat : limiter les émissions d’oxydes d’azote liées au trafic routier. La réduction des émissions industrielles relève, elle, d’actions à moyen ou long terme, tandis que les paramètres météorologiques ne peuvent être influencés qu’indirectement.

Une forte demande de macarons Stick’AIR

Dans les heures suivant l’annonce des restrictions, une forte hausse des demandes de macarons a été observée. Entre mardi soir et mercredi midi, plus de 3 100 requêtes ont été enregistrées en ligne sur la plateforme officielle, un chiffre qui ne tient pas compte des ventes réalisées dans les stations-service, auprès de la Fondation des parkings ou de l’Office cantonal des véhicules. Une mise à jour sur la poursuite ou la levée des mesures est attendue en fin de journée ce mercredi.

Comprendre les niveaux du plan anti-smog

Le dispositif anti-smog genevois comporte trois étapes. Au niveau 1, déjà appliqué deux fois en 2020, seuls les véhicules classés en catégorie 5 sont exclus du centre-ville, représentant environ 7 % du parc automobile. Le niveau 2, activé cette semaine, élargit l’interdiction aux catégories 4 et 5, touchant environ 11 % du parc. Le niveau 3, jamais déclenché à ce jour, restreindrait l’accès aux véhicules des catégories 3, 4 et 5, soit environ 23 % du parc automobile. Selon les autorités, la circulation différenciée ciblant les véhicules les plus émetteurs aurait un impact plus significatif sur la qualité de l’air que la circulation alternée, qui affecte davantage d’usagers mais permet à plusieurs véhicules polluants de continuer à circuler.

Seuils d’alerte et d’urgence : comment sont-ils définis ?

Le niveau d’alerte (niveau 2) est atteint lorsqu’au moins une station de mesure genevoise enregistre une concentration d’ozone supérieure à 180 microgrammes par mètre cube pendant trois heures consécutives, ou lorsque trois stations dans deux cantons romands, dont Genève, relèvent ces mêmes niveaux. Le niveau d’urgence (niveau 3) s’applique si deux stations genevoises constatent pendant quatre jours consécutifs un dépassement du seuil de 180 microgrammes par mètre cube, ou si la concentration dépasse 200 microgrammes pendant deux jours consécutifs.

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