Tensions croissantes chez les éleveurs face aux nouvelles réglementations pour la protection contre les loups
Des éleveurs confrontés à une bureaucratie perçue comme complexe dans la gestion des chiens de protection
La coexistence entre élevages et grands prédateurs, notamment le loup, se déroule dans des conditions difficiles à plus de 2000 mètres d’altitude, sur les pâturages alpins. Face à la menace grandissante du loup, de nombreux éleveurs ont investi dans des chiens spécifiquement formés pour protéger leurs troupeaux, une initiative soutenue activement par le canton du Valais.
Les chiens de protection, une solution éprouvée selon les éleveurs
Selon Benoît Maillard, éleveur de moutons, l’efficacité de ces chiens est indiscutable. Lors d’une interview dans le 19h30 de la RTS, il confiait : « Les chiens ont fait leurs preuves, sans aucun problème sur l’alpage. Nous sommes très satisfaits, car il y a moins de dix jours, deux d’entre eux ont réussi à repousser un loup. »
Une frustration croissante face aux nouvelles règles d’aide fédérale
Cependant, une nouvelle réforme impose désormais aux éleveurs de passer par une homologation fédérale pour que leurs chiens soient reconnus pour l’aide en cas d’attaque du loup. Contrairement à la procédure précédente, c’est la Confédération qui doit donner son accord, après la réussite de tests standardisés. Lors des premiers examens réalisés ce printemps, 43% des chiens valaisans ont échoué au test, ce qui complique leur reconnaissance officielle.
Les difficultés rencontrées par les éleveurs face aux nouvelles modalités d’homologation
Deux chiens de Benoît Maillard ont notamment été recalés et devront repasser le test. Ces refus alimentent une certaine incompréhension parmi les éleveurs, qui craignent que ces obstacles administratifs ne compromettent leur compensation en cas d’attaque. Benoît Maillard souligne : « Aujourd’hui, certains de mes chiens de protection ne sont pas reconnus par la Confédération. En cas d’attaque, je ne pourrais pas bénéficier d’indemnisation. »
Un processus de test visant à garantir la comportementalité des chiens
Ce nouveau dispositif comprend une évaluation de cinq comportements clés : orientation vers le troupeau, agressivité, comportement amical, réaction face à la peur et capacités d’aboiement. François Meyer, spécialiste en protection des troupeaux chez AGRIDEA – l’organisation mandatée par la Confédération – explique que l’objectif est de s’assurer que les chiens adoptent des comportements adaptés aussi bien avec les humains qu’avec les moutons.
Initiatives d’accompagnement pour les éleveurs
Pour faciliter cette transition, l’Office fédéral de l’environnement a mis en place deux formations destinées à accompagner les éleveurs dans la réussite des tests. François Meyer précise que pour beaucoup d’entre eux, c’est la première fois qu’ils passaient ce type d’évaluation.
Une vision différente : la coexistence avec le loup selon certains éleveurs
Malgré les récentes controverses, certains acteurs de la montagne adoptent une approche différente. Damien Jeannerat, éleveur, estime qu’une coexistence pacifique avec le loup est envisageable, surtout avec l’aide de ses douze chiens de protection. Il raconte : « Nous faisons tous partie de la même montagne : le loup, les troupeaux, moi, les bergers et les chiens. »
Des preuves concrètes d’une cohabitation réussie
Il partage des images où ses chiens repoussent les prédateurs lors de sorties nocturnes. Selon lui, ses chiens parviennent à faire fuir les loups, qui, d’après ses observations, restent sportifs dans leurs interactions. Pour lui, cette méthode lui permet aujourd’hui de dormir plus sereinement, retrouvant ainsi du sens dans sa pratique d’éleveur.